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Baby
Dans le frémissement profond
Des feuilles
Est né l'arbre de la vie.
Il est chargé de nos milliers de rêves.
Il est porté par la force de nos espoirs.
Maintenant que tu es partie là-bas,
Vers nos îles que je sais,
Un sourire est collé sur mon visage.
Dors, mon amour dors,
Enveloppée dans les rêves du monde,
Bercée par les vagues du sable,
Et écoute encore les lambeaux du silence.
Scintillante de vigueur à l'éveil,
Tu lances comme un défi
Aux âges de malchance et de doutes
Et sereine tu attends dans son écrin,
Le butin de nos vies.
Bon anniversaire mon amour.
Patrick AVELINE
Marseille, mars 1996.
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Aux limites des plaines mongoles
Aux limites des plaines mongoles,
Là où le soleil commence à nous échapper,
S'exilant vers des Hokkaido d'échelles
Ou des Kamtchatka de poulies.
Aux limites des plaines mongoles
Où l'herbe anorexique
Orpheline des taïgas sombres et centenaires,
S'incline vaincue à la caresse des sables de vent.
Là où les mers intérieures
Liquident leurs eaux
Quelque nuit de pleine lune,
Pour s'assécher de fissures cicatrices.
Là où les déserts n'en finissent plus
De planter leurs pierres de fond d'océan.
Étranges bulbes que ceux-ci.
Quelque jour serein ils germent, puis fleurissent. -
Des narcisses semble t-il -
Narcisses qui d'espace en espace
Roulent d'une vague ondulation
Vers des mers insondables et des aménités de jardin.
Lentement les tempêtes se soulèvent,
Emportent au cur des poussières
Ces millions de fleurs jaunes,
Qui de virevoltes en virevoltes
Exécutent les entrechats d'un ballet stellaire.
Puis au calme des lendemains,
Tapissent de leur univers monochrome et ictérique
Jusqu'à la sépulture de quelque Gengis khan pacifique
Jusqu'au tombeau de quelque Timour Lang d'opérette.
Quelque jour,
Aux limites des plaines mongoles
Le silence sidéral
Se hâle
Du bonheur d'un monde fleuri.
Patrick AVELINE
Allauch/Marignane, février 2003.
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Aux gares hémorragiques
Aux gares hémorragiques
Qui déversent,
De pulsations en pulsations,
Le sang de mes jours ; A
ux gares hémorragiques
Qui trient dans l'urgence
Les giclées
De mes magmas intérieurs ;
Je me superpose d'instants suspendus,
Qui coagulent lentement aux commissures.
M'éternise de ralentis saccadés,
Qui cicatrisent encore les plaies jaunies.
Aux plates-formes de mes hémiplégies alternatives,
Je m'inonde de grandes marées,
Et les poumons, spongieux de morilles,
Absorbent l'écume des mes remous souterrains.
Aux équinoxes de mes hémiplégies alternatives,
J'esquisse, sur les estrans des pages vierges,
De vagues ombres d'agonie.
J'esquive alors quelques banderilles d'arc-en-ciel
Avant qu'une illusion de torero de foire
Ne se gave d'estocades.
Aux gares et aux équinoxes
Patrick AVELINE
Allauch, le 30 janvier 2003.
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Avec vue sur la mer
Sous un ciel gris
Un pin d'Alep
Penche son fût, épris
D'un autre pin d'Alep.
Les deux troncs se croisent
À quelques mètres du sol.
Admirent la grande Turquoise,
Se frôlent,
S'éloignent, se toisent.
Sous un ciel gris
Les arbres ont du mal à s'enlacer.
Ils s'effleurent l'écorce,
Se content fleurette un instant,
Finissent par se lasser.
Les arbres
Sous un ciel gris
S'épanchent plus volontiers
Des vents dominants.
Agitent leurs bras de balais
D'un vert éternel teinté.
Et saluent
Les marins qui au loin,
Espèrent toujours.
Les arbres
Sous un ciel gris,
Les pins d'Alep aussi,
Se marbrent
De veines ouvertes
D'où s'écoulent
Des sèves lentes.
La peine qui habite
Les arbres sous un ciel gris
S'écrit aux limites
Des mots.
Et insondables,
Toutes les flammes
Déclarées et à déclarer
Inondent les flaques
Aux bruines démarrées.
Quelquefois,
Au souffle tonitruant
De tous les vents
De toutes les roses des vents,
Un pin d'Alep
Croise un pin d'Alep.
Puis au retour déboussolé
De tous les vents,
Le pin d'Alep Croise à nouveau
Le pin d'Alep :
Et de sel et d'air
Se tressent.
Patrick AVELINE
Marseille, février 1997.
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