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    Interview de JL Vassallucci* :

     

    Ton choix en matière d'écriture ?

    C'est une écriture quasi automatique. J'ai eu une longue période d'immersion dans le surréalisme (écriture et peinture). Chaque texte (je parle de mes nouvelles et poésies) a été démarré sans projet ni recherche. Il n'y avait pas non plus d'intention d'en faire un ensemble ou de raccrocher un texte à un autre. L'ordre de succession des nouvelles lui-même a été décidé en phase d'édition. Donc, beaucoup de place laissée au hasard ou à l'inconscient … Je n'écris plus du tout comme ça, mais je continue à peindre en lançant un geste sans intention première sur la toile (les formes qui apparaissent sont, pour le moins, rarement esthétiques).

     

    Le thème principal de  tes nouvelles ? 

    Une idée saisie à la volée, souvent un simple mot, et le reste se tricote. J'ai beaucoup voyagé, mais les lieux et les décors sont des reconstructions plutôt que des "souvenirs de voyages". Je ne sais pas vraiment pourquoi ces thèmes. On doit y retrouver l'influence de mes lectures du moment : Lacan, Desnos, Queneau, Borges, Lao Tseu et l'Ancien Testament …

     

    Pourquoi fréquemment la Chine, l'Afrique,  Marseille, des artistes, des anarchistes ?

    "Les non-dupes errent", c'est une citation de J.LACAN, sous laquelle on lit "les noms du père". Partant de Marseille, on peut aller très loin. C'est une ville qui invite au voyage, dans l'espace comme en rêves. En 1941, les surréalistes y ont longuement séjourné avant de s'embarquer pour l'Amérique. Parmi eux, il y avait Victor Brauner; je pense mon peintre préféré. C'est un homme qui a peint un autoportrait de lui avec un œil crevé, bien avant de perdre effectivement son œil lors d'une rixe … à Marseille, si je me souviens bien. L'anarchiste et l'artiste sont de lointains parents (des références mythiques). La seule vraie question, c'est "pourquoi Marseille ?". Quand on y est né, on se la pose toute sa vie. C'est un harmonieux bordel , complètement injustifiable.

     

    On peut quitter et retrouver Marseille ?

    Bien sûr. Comme la plupart des enfants marseillais, j'ai passé beaucoup de temps à regarder des bateaux (mon grand-père habitait sur le Vieux Port). Mais je n'aime pas naviguer et, finalement, je suis assez casanier. Je n'ai jamais rencontré de Marseillais qui ait quitté Marseille et ne veuille pas y revenir. C'est autant une famille qu'une ville : ceux qui y naissent ne l'ont pas choisie, s'en plaignent volontiers, voudraient bien qu'elle ne les envahisse pas trop, la tolèrent mieux en vieillissant et ne peuvent pas imaginer être enterrés loin d'elle … Alors, en partir, ça fait autant de bien qu'y revenir.

     

    * tiré des questions posées par l'attaché de presse d'une maison d'édition pour l'édition de nouvelles

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