• Patrick Aveline

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  • Les rêves démesurés

    L'enveloppe cachetée /

    Aux coins de ses lèvres /

    N'attend que le clignement /

    De ses yeux d'eau tendre, /

    Pour adresser /

    Mille baisers /

    Aux courants d'air /

    De ses Amours. /

    Le souffle de cet /

    Eole de foire /

    Disperse, /

    Etourdit, /

    Distrait /

    Les miettes /

    De ses nostalgies. /

    Elle les rassemble, têtue. /

    Pour que les images /

    Puzzlent /

    Ces reflets presque parfaits /

    De visages aimés /

    Et de claires aquarelles. /

    Elle rêve alors /

    Encore /

    Des rêves démesurés. /

    Pour ne plus les perdre de vue. /

    Pour les poursuivre /

    Même au bout /

    Des couloirs trop sombres. /

    Et surtout au bout de la jetée /

    En direction des mers profondes. /

    Face à l'azur sans fin, /

    Ses yeux immenses clos /

    Et ses paumes ouvertes, /

    Elle laisse flotter /

    Les lianes noires et bouclées /

    De ses cheveux. /

    Elle rêve de nouveau /

    Ses rêves démesurés /

    Aux odeurs salées, /

    Aux embruns piquants. /

    Embruns qu'elle dissipe parfois /

    D'une langue qui gourmande /

    Sur ses lèvres /

    Les cristaux blancs. /

    Elle s'assoit enfin. /

    Au bout de la jetée. /

    Lasse des vents. /

    Elle n'a toujours pas ouvert ses yeux /

    Et sourit aux Amours futures.

    Patrick AVELINE -------------- Pour Chantal. Marignane, mars 2006


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  • Les jours de fête ------------------------- Les jours de fête Et le dimanche Je suis noir de monde. Et déverse les flux inverses Aux orifices. Les jours de fête Je suis noir de tunnels borgnes. Abolis les écorchures. Et grandis les ombres, impuissant. Les nuits de fête Je suis plein comme un œuf. Coule dans ma baignoire L'huile des sommeils. Tempêtent les bouchons aux échos douloureux. Je circule alors aux confins des nords. Et grelotte à ces hoquets agacés. Les nuits de fête Je déboutonne les humeurs. Électrocute les nerveux aux poteaux de couleur. Évapore mes regards des ventres polyphages. Et transpire des automnes pour décembre. Le dimanche jour de fête, Autour de moi En grappes serrées J'agglutine les stupeurs. Observe les heures hémophiles. Éparpille les miettes des nappes chues. Et sommeille aux rires étrangers. Les jours de fête J'émigre vers les silences. Me vautre de divans. Et me disperse de nuages. Les longues nuits de fête J'échoue sans jouer. Mure les ronces. Égratigne le visage de cette femme De mon haleine obèse. Et défait en duels chimériques Les prétendants aux amours bandoulières. Et coule dans ma baignoire L'huile des sommeils. À ses robinets briqués S'étiolent de lents marécages. À ses robinets briqués Se soustraient de silencieuses cataractes. Coule dans ma baignoire L'huile des sommeils. L'huile des sommeils…

    Patrick AVELINE ------------------ Marignane/Allauch, novembre 2002.


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  • La combe de l'yeuse

    Tout au fond d'une solitaire combe,

    Est-ce la combe de l'yeuse ?

    Aussi fleurie qu'une fraîche tombe,

    Se niche le mas du "Sans-souci".

    Ceintes de fins cyprès séculaires

    Aux cimes têtues

    Et aux missions tutélaires,

    Les vieilles pierres respirent encore

    D'un souffle ténu.

    Le lierre course sa ruine,

    Ventru, suant ses silencieux efforts,

    Disloquant les murs

    Qui n'abritent plus qu'un vieux sureau

    Aux juteuses baies noires.

    Les tuiles,

    Aux teintes définitivement fades

    N'en finissent plus de se tenir la main.

    Au creux de leurs blessures aiguës,

    D'attentives joubarbes élisent sagement domicile.

    De volubiles orpins tapissent les rigoles

    Et d'impatients lichens jaunâtres prêchent

    Des idées délicieusement subversives.

    Alentour, les faïsses aux géométries si peu rectilignes

    Nourrissent de grappes sang et or

    Les derniers destins insignes

    De quelque berger ou peintre encor.

    Tout au fond d'une solitaire combe,

    Enchâssée d'une garrigue sombre,

    Éclate au soleil d'automne

    Le mas du "Sans-souci".

    Patrick AVELINE ------------------ Pour mes parents - 40 ans de mariage.

    Vitrolles, octobre 2000.


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  • Jardins éphémères ---------------------------------------- Dans l'épaisseur presque tangible De ces obscurités matinales, Les éclairs griffonnent d'étranges adresses Au dos des nuages. Dans ces nuits à l'agonie, se pressent À perdre haleine, Car elles n'ont plus l'âge, Des images pêle-mêle ; Des allégories constellées de pluriels ; Des métaphores belles et rares. Bousculade de mots singuliers, car L'art d'assembler ceux-ci n'a d'égal Que la pensée la plus fine d'un madrigal. La traduction de ces inflexions nocturnes, Arabesques si peu orientales Où transparaît, diaphane, chaque lune, Se couche quelquefois sur un papier glacé, Brûlant alors la plume de mes écritures enlacées.

    Patrick AVELINE ------------------ Aix-en-Provence, mai 1989.


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