Avec vue sur la mer
Sous un ciel gris
Un pin d'Alep
Penche son fût, épris
D'un autre pin d'Alep.
Les deux troncs se croisent
À quelques mètres du sol.
Admirent la grande Turquoise,
Se frôlent,
S'éloignent, se toisent.
Sous un ciel gris
Les arbres ont du mal à s'enlacer.
Ils s'effleurent l'écorce,
Se content fleurette un instant,
Finissent par se lasser.
Les arbres
Sous un ciel gris
S'épanchent plus volontiers
Des vents dominants.
Agitent leurs bras de balais
D'un vert éternel teinté.
Et saluent
Les marins qui au loin,
Espèrent toujours.
Les arbres
Sous un ciel gris,
Les pins d'Alep aussi,
Se marbrent
De veines ouvertes
D'où s'écoulent
Des sèves lentes.
La peine qui habite
Les arbres sous un ciel gris
S'écrit aux limites
Des mots.
Et insondables,
Toutes les flammes
Déclarées et à déclarer
Inondent les flaques
Aux bruines démarrées.
Quelquefois,
Au souffle tonitruant
De tous les vents
De toutes les roses des vents,
Un pin d'Alep
Croise un pin d'Alep.
Puis au retour déboussolé
De tous les vents,
Le pin d'Alep Croise à nouveau
Le pin d'Alep :
Et de sel et d'air
Se tressent.
Patrick AVELINE
Marseille, février 1997.