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Couple (suite)
Couple (suite) ---------------------------------
Ta harpe en bandoulière,
Tu avais fredonné
D'inspirées ballades
Virgiliennes,
Mais d'un auguste geste,
J'ai obstrué de cire épaisse
Mes cavités auriculaires.
Une nuit amène,
Tu avais swingué
Des déhanchements sybarites
À aguicher de chastes anachorètes,
Ou au choix, à réveiller d'imminents lumbagos,
Mais j'ai prétexté
De violentes cécités passagères,
Propices à l'endormissement des sages.
Et puis tu t'es tue,
Des heures telles des siècles,
Créant l'ulcère duodénal
De tes efforts pharaoniques,
J'ai alors tiré profit
De ces silences de cathédrale
Pour capitaliser de capotes anglaises
Les tiroirs de toutes mes secrétaires.
Alors, discourtoise,
Tu as lacéré d'ongles affûtés
Mes lentes collections
D'épigraphes célèbres
Et de freesias laotiens,
Éparpillant ainsi mes mots, mes odeurs,
Aux coins de régions inaccessibles.
Insensible,
Tu as échevelé
Trois bataillons de tirailleurs sénégalais,
J'ai donc prié de clairs psaumes
Puis, vidé, d'insensés galimatias.
Encore plus offensante,
Dans mon dos,
Tu as appliqué de cataplasmes couleur moutarde sale,
Mes espoirs les plus fous,
Je les ai bandés soigneusement,
Gémissant les excuses du grand escogriffe que je suis.
Apaisé,
J'ai encombré alors,
De renoncules, jaunes surtout,
Le balcon de ta poitrine
Et la véranda de tes cils courbés.
Apaisée,
Tu as souri
D'aphrodisiaques regards
Et tu as évanoui mes mappemondes
Pour de suaves grenadines
Ta harpe en bandoulière,
Tu avais fredonné
Patrick AVELINE - Marignane, mars 2006
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