• "Les œuvres de vie selon Maître Eckhart et Abhinavagupta" Colette Poggi Edition Les Deux Océans - 2000. ------------------------------------------ "Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier" Kandinsky Edition Denoël - 1989. ------------------------------------------ "L'art de la concentration" Pierre Feuga Edition Albin Michel - 1992. ------------------------------------------ "Yoga-Sutras" Patanjali Edition Albin Michel - 1991. ------------------------------------------ "Hatha-Yoga-Pradipika" Traduction de Tara Michaêl Edition Fayard - 1974. ------------------------------------------ "Yoga et Symbolisme" Shri Mahesh Edition du Rocher - 1996. ------------------------------------------ "Le souffle, parole de vie" Shri Mahesh Edition du Rocher - 1998. ------------------------------------------ ________________________________________________________________________ Tous mes remerciements aux professeurs de l'Ecole Internationale de Yoga Traditionnel (T. Dabau, J.Cochard, G.E. Leininger, G.Messeguer ) pour leur grande compétence et le plaisir d'enseigner qu'ils ont su transmettre . Un grand merci à tous ceux qui m'ont accompagné de 1998 à 2003 dans cette formation, pour leur chaleur et la richesse des échanges. A Tony Dabau, toute ma gratitude pour la qualité de son enseignement, sa sincérité inébranlable, sa manière d'encourager les pratiquants de yoga à aller toujours plus loin … Merci, enfin, à Shri Mahesh pour l'énergie, l"élan", qu'il sait transmettre à travers les enseignements de ses différents stages.

    votre commentaire
  • A partir de la pratique du yoga, comme de l'expérience de l'art, il est primordial d'élargir la capacité de plénitude dans toutes les actions; retrouver le même recueillement dans l'instant, la même poésie, le même élan et émerveillement dans la vie courante. Selon Krishnamurti, "l'artiste est celui qui agit avec talent. Cette action est dans la vie et non en dehors de la vie. C'est donc vivre avec talent qui fait vraiment l'artiste…Nous devons chercher le talent, non seulement dans la peinture, (…) mais dans l'action, dans la manière de vivre, dans la totalité de la vie (…), mais l'art, qui est harmonie dans l'action, doit opérer tout au long de la journée…Quand l'artiste joue merveilleusement, il n'y a pas de "moi", il y a l'amour et la beauté, et c'est l'art."( extrait de "l'urgence du changement" : yoga et vie - juin 2001) §§§

    votre commentaire
  • 1 - Extériorité et intériorité ------------------------------------- Mon goût pour le plus infime détail, la pureté esthétique et les formes parfaites, dans la peinture figurative comme dans la mosaïque, est hors des courants artistiques contemporains. C'est un travail de "chercheur de l'intérieur, dans l'extérieur". Dans la création, différentes nécessités se font ressentir, notamment celle d'exprimer "ce que nous sommes" (ego, personnalité), ce qui nous lie à nos contemporains (langage de l'époque, tendance) ou encore révéler ce qui est propre à l'art "pur et éternel" (que l'on retrouve à travers époques et nations). Seul ce troisième élément me semble posséder une "force d'éveil". Ma peinture n'a pris ce sens qu'après quelque années de pratique de yoga. Auparavant, elle était parfois un exutoire, parfois une manière de me valoriser aux yeux des autres, ou le plus souvent un acte "léger et plaisant", un passe temps où la recherche intérieure et la symbolique étaient absentes. En intensifiant la perception de ce qui nous entoure, en aiguisant nos sens, en éveillant nos potentialités latentes, en entrouvrant une porte sur un "autre monde", le yoga est une base parfaite pour la "création artistique" . ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 - L'art et son but ------------------------------------ Le mot "art" vient du sanskrit "rta" qui suggère l'idée d'ordre et d'harmonie. Dès les Véda, il acquiert une force essentielle en désignant "l'ordre cosmique". Comme adjectif il signifie aussi "vrai", "juste". On peut citer Platon pour qui " le beau, le bon, le vrai sont convertible l'un l'autre". Vassily Kandinsky, grand peintre du 20eme siècle, à la recherche de la rencontre entre l'individu et l'universel, écrivit un important ouvrage intitulé : "Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier". Il reconnaît l'art comme moyen, voie de la "connaissance". Selon lui, toute création artistique doit être basée sur le principe de la nécessité intérieure ou encore de l'entrée en contact avec l'âme humaine. De plus, sa mission fondamentale lui semble être de dévoiler "l'ordre du monde", de constituer un langage qui se substitue aux mots souvent impuissants et apte à provoquer les "vibrations de l'âme". L'œuvre d'art est alors à la fois le support de la méditation pour le peintre et l'image de l'itinéraire spirituel pour celui à qui s'adresse la peinture. Kandinsky nous donne une très belle définition de l'art : "l'art, dans son ensemble, n'est pas une création sans but de choses qui se dissolvent dans le vide, mais une force qui tend vers un but et doit servir à développer et affiner l'âme humaine…" Pour reprendre une nouvelle fois swami Veditatmananda," la réalité est à construire", et la recherche du Beau dans l'art pourrait participer de ce constat. Maeterlinck, un des pionniers de la composition spirituelle dans l'art (fin du 19eme, début du 20eme siècle) disait : "Il n'est rien sur terre qui soit plus avide de beauté et qui ne s'embellisse plus facilement qu'une âme". Ainsi, l'artiste est doublement responsable par ces actes, pensées, sensations qui sont le matériau de ces œuvres et qui agissent à leur tour sur "l'atmosphère spirituelle". Bien avant eux, on retrouve Abhinavagupta (cachemirie shivaïte du 10eme, 11eme siècle) ou encore maître Eckhart (occidental chrétien du 13eme, 14eme siècle) qui traitent le thème de l'art en tant que voie spirituelle. Ils pensaient que tout acte de création pouvait, être en quelque sorte une réitération de "l'acte divin de la création", et avoir un lien avec "le principe universel". Ils évoquent des formes d'art, notamment la peinture grâce auquel l'homme depuis toujours a cherché à s'unir au tout. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 3 - L'émerveillement dans l'œuvre ------------------------------------ A travers la couleur et la forme, la symbolique et l'esthétique, l'œuvre peut permettre d'exprimer l'intériorité, et de susciter la capacité d'émerveillement de ceux qui regardent celle ci. On sait que chaque couleur a un impact sur l'homme; on les utilise d'ailleurs à des fins thérapeutiques comme avec la chromo thérapie (action de la lumière colorée sur le corps). Les couleurs ont des qualités intrinsèques telles que chaleur, froideur, clarté, obscurité; ces éléments étant eux mêmes dynamiques : sensation concentrique (dans le sens de faire converger en un point unique), excentrique (dans le sens de la dispersion, de la multiplicité), de rapprochement ou d'éloignement. Chaque couleur, en plus de ces qualités, est identifiée par sa résonance intérieure (fonction psychique), sa valeur symbolique et des possibilités d'assonances entre elles. Le jaune, par exemple, irradie, prend un mouvement excentrique et se rapproche presque visiblement de l'observateur; cette couleur, plutôt terrestre, dégage cependant une chaleur toute spirituelle et, comparée aux états d'âme pourrait servir à la représentation de la folie mais aussi donne une impression d'énergie et d'intensité. Le bleu, en revanche, développe un mouvement concentrique; typiquement céleste, cette couleur éveille la nostalgie de la pureté et développe le recueillement. Le jaune et le bleu constituent le premier contraste et leur mélange, le vert, annule leurs mouvements et produit un sentiment de calme. "L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle ou telle touche (de couleur), met l'âme humaine en vibration" (Kandinsky). Chaque objet ressemble toujours à une forme géométrique qui a (comme les couleurs) sa propre résonance intérieure. Il est possible de souligner une couleur par une forme (le jaune "couleur aigu", par exemple, par la forme triangulaire). Dans ma peinture, le fait d'utiliser la symbolique qui est l'expression d'idées par des "signes" permet de transposer la réalité pour qu'elle exprime sa vrai nature. Le symbole est comme le reflet d'un ordre supérieur à l'ordre physique, une correspondance un lien avec l'"harmonie universelle". En outre , il apparaît comme un support à la méditation car il donne la possibilité d'approfondir ce qui s'offre à la conscience. Pour Jean Scot, la nature et l'art sont des mondes créés à des niveaux différents pour réveiller dans la conscience "la nostalgie de la beauté parfaite" ( l'unité dans la diversité). Saint Thomas fait le lien entre l'âme consciente et la beauté; l'âme consciente reconnaissant sa propre beauté dans la beauté des formes sensibles. Ainsi, la beauté n'est plus une convention ou une apparence; elle provoque les "sentiments", transmet l'intuition de la "transcendance". Essayer de faire éclore le sentiment d'émerveillement dans la contemplation, comme l'expérimenter sur soi même dans la conception, c'est chercher à retrouver à la fois l'œil neuf, celui de l'enfant qui voit quelque chose pour la première fois, celui de la spontanéité, et la jubilation qui peut l'accompagner. C'est à travers cet élan "originel" et "joyeux" que l'on peut atteindre "l'unité" et l'apaisement De même, l'inspiration et l'imagination doivent laisser percer "la vision intérieure", l'intuition de l'essence des choses. §§§

    votre commentaire
  • Concentration et création --------------------------------------- Peindre est une pratique qui s'inscrit dans ma pratique du yoga . Cela me permet de concentrer mon esprit sur l'instant présent, sur la précision du geste, sur ma vision intérieure. Le corps se positionne correctement, la respiration est calme et naturelle. L'attention que requiert la peinture figurative m'aide à trouver cette concentration. Cette création est l'occasion, sans cesse renouvelée, d'aller vers ce qu'il y a d'essentiel pour moi et de l'exprimer. Dans cette voie, la recherche du vrai, du beau et de l'émerveillement est toujours présente. "La stabilité du mental peut aussi venir de son activité en relation avec le monde sensible"; ainsi, selon Patanjali si nous sommes en relation par les sens avec des objets générateurs de calme , de paix (par leur beauté par exemple), rien ne viendra altérer la paix de la conscience profonde. Par la création (la peinture en ce qui me concerne), on peut baigner dans une "atmosphère esthétique" favorable à cet apaisement mental. Pour moi, la difficulté d'exécution de la peinture figurative, au delà du besoin de patience et de persévérance qu'elle nécessite, rejoint l'extrême attention ou concentration. Dans la tradition chinoise, l'art achevé où la plus grande application aboutit mystérieusement à la plus totale spontanéité, est exalté : on peut atteindre une grande habileté parce que le mental concentré est libre d'entrave; ainsi, la vraie concentration n'enferme pas, n'appauvrit pas l'esprit, elle permet l'épanouissement de l'être et ouvre à la "suprême liberté". ***

    votre commentaire
  • Le travail du yoga est un apprentissage de l'attention, de la concentration, et ainsi de la quiétude mentale. Chaque geste devant être conscient, l'esprit tourné vers le corps, la sensation, le geste et la respiration, le mental est poussé à se taire. Chaque seconde, il faut rester présent et l'enchaînement des mouvements évite de laisser s'échapper l'esprit . En emmenant la conscience dans le mouvement et la respiration le hatha yoga réunifie l'être, parvient à une sorte d'intégration des différents aspects de la personnalité. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1 - Les asanas --------------------------------- La pratique du Hatha yoga est une expérience de la non dualité . L'équilibre, maître mot du yoga peut être illustré par cette phrase de la Bhaghavad Gita : "Celui qui mange trop et celui qui ne mange pas assez, celui qui dort trop et celui qui ne dort pas assez, celui qui travaille trop et celui qui ne travaille pas assez, celui là n'atteindra pas l'équilibre ou l'union avec la réalité". Selon la traduction de Gérard Blitz d'un aphorisme de Patanjali asana c'est "être fermement établi dans un espace heureux". L'état d'asana ne peut s'établir que grâce à des points de fermeté mais aussi dans le relâchement des tensions inutiles (musculaires, respiratoires, mentales) . C'est un équilibre qui se situe entre l'effort et la détente, le faire et le lâcher prise, l'intention ferme, la vigilance et la disponibilité, le détachement. L'asana ne s'obtient réellement que quand le corps absolument tranquille, tout effort de volonté aboli, la sensation, la respiration sont suspendues, le mental est apaisé. Les postures d'équilibre (les bien nommées) en sont un exemple parfait : "crispé dans la volonté de tenir, on trébuche; trop détendu, peu vigilant, on ne tient pas non plus" (commentaire de Françoise Mazet des Yogas-Sutras). "Le yoga est l'arrêt de l'activité automatique du mental", selon la définition de Patanjali. Voilà le chemin du yoga, le silence intérieur. En nous libérant des automatismes, le yoga nous révèle notre capacité d"être". Dans la non dualité, quand corps et esprit sont en équilibre alors nous disposons d'un outil formidable pour nous confondre avec la nature; nous faisons partie de ce monde, nous sommes ce monde. L'expérience qu'apporte le yoga (que l'on traduit principalement par le mot "union") ne s'épanouit que quand elle entre dans tous les "actes" de notre vie y compris artistique, pour ce qui me concerne. Le yoga n'est pas une technique d'évasion, il exige au contraire que l'on soit présent ici et maintenant, ancré dans le réel, ancré dans le geste. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 - Pranayama --------------------------- Le souffle est la charnière visible entre les plans physiques, psychiques, émotionnels, spirituels : "L'air tisse l'univers, le souffle tisse l'homme" (Atharva Veda). Pranayama signifie contrôler ( plus littéralement allonger, arrêter, retenir) la force de vie, l'énergie vitale. L'homme absorbant principalement le prana par le souffle, il est important de maîtriser la respiration afin de la transformer en une respiration subtile et profonde. Ce qui est essentiel ce n'est pas de respirer plus mais mieux . Communément, nous respirons très peu d'air par rapport à nos capacités, nous le faisons de manière inconsciente, et souvent de manière incorrecte . La respiration yoguique ou complète, base du pranayama, permet d'utiliser les trois niveaux respiratoires: la respiration basse ou abdominale, la respiration moyenne ou diaphragmatique et la respiration haute ou claviculaire. Le pranayama, par des exercices simples, réapprend à respirer (par exemple, par les pauses respiratoires, le retour au rythme du corps) et par là même, améliore le fonctionnement des organes (massage des organes internes, stimulation des capacités respiratoires, meilleure oxygénation, détoxication, rééquilibrage du système nerveux ), et développe l'énergie. Par le pranayama, la maîtrise du souffle se transmet au mental : le calme du souffle comme une vague se transmet à l'esprit, de même l'énergie du souffle transmet sa force à l'esprit. Dans ces divers aspects, le Hatha yoga est par nature psychosomatique, c'est une pratique qui agit de manière interactive entre physique et mental. Plus pragmatiquement, on peut dire que les rythmes respiratoires et cardiaques se suivent (quand le rythme cardiaque s'accélère le rythme respiratoire s'accélère également) et évidemment sont directement liés à l'activité physique, mais aussi à l'état mental. On a remarqué que pendant des troubles émotifs comme une crise de dépression ou de mélancolie, la respiration devient lente et irrégulière, dans des passages de grande nervosité, de colère, la respiration devient superficielle, rapide, désordonnée. Ces troubles respiratoires et donc cardiaques s'accompagnent d'autres perturbations physiologiques à plus ou moins long terme (hormonales, digestives, nerveuses…). A contre sens, la maîtrise de la respiration peut aider à contrôler nos émotions et par là même à éviter ces états. La respiration est la porte de communication entre le corps et l'esprit. "Lorsque le souffle est agité, l'esprit est agité . Lorsque le souffle est immobile, l'esprit est immobile, le yogin atteint la fixité ."(Hatha Yoga-Pradipika). Les techniques de pranayama, qui relèvent d'un processus de purification, développent la capacité de concentration et de canalisation de l'énergie mentale. Selon Patanjali, la pratique du pranayama conduit à la faculté de concentration. On peut considérer que le but du pranayama est bien la maîtrise de l'activité mentale. Au centre du travail de pranayama, la suspension du souffle ou rétention, cet espace à la fin de l'inspiration comme de l'expiration, permet de retrouver le vrai rythme du corps,"de l'univers" auquel nous sommes accordé quand le mental ne le modifie plus. Cette "immobilité respiratoire" vient se lier et aider l'immobilité du corps dans la pratique ("posture stable et confortable": Patanjali) et c'est ainsi que l'on peut s'intérioriser et laisser se manifester "le silence", l'union avec le subtil. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3 - Dharana ------------------------------------ La concentration comme les exercices de pranayama permettent de réguler les émotions, de prendre du recul par rapport aux conflits qui nous agitent . La concentration est source d'équilibre et d'ouverture : "Ces pouvoirs de l'esprit sont comme des rayons de lumière dispersés, une fois concentrés, ils illuminent" (Vivekananda). Le plus souvent nous ne pensons pas, nous sommes pensées. C'est à peine si nous nous rendons compte de ce qui nous occupe, tant les projets, souvenirs, mots, images se succèdent, se chevauchent dans notre esprit, comme s'il s'agissait d'une vie autonome et incohérente. La concentration peut aider à trouver "le silence mental", ou tout au moins un calme mental, car se parler à soi même est presque aussi fatiguant du point de vue nerveux que de parler tout court. Patanjali dans les Yogas-Sutras insiste sur les nombreux obstacles à la concentration comme l'inconstance, le doute, l'anxiété, la dispersion… Son remède est celui là : "centrer sa pratique sur un objet unique" . La concentration implique un support. Elle est souvent comparée au tir à l'arc comme dans le Mahâbhârata où Arjuna est mis en compétition avec d'autres Princes par Droma. Chacun donne une description de la cible présentée; certains décrivent un bouquet d'arbres, d'autres une branche, un nid, Arjuna décrit l'oiseau puis sa tête, enfin l'œil de l'oiseau, cible choisie par Droma. Vouloir tout de suite ne penser à rien (silence intérieur) crée un vide où tout s'engouffre (souvenirs, projets…), on obtiendra souvent un meilleur résultat en donnant un aliment et un seul au mental. L'apprentissage de la non dispersion se fait dans la pratique des asanas où l'on suit un fil conducteur. Elle peut s'exercer, en fait, de très nombreuses manières : par exemple, par la répétition du mantra "OM" (syllabe fondamentale, unité primordiale) de manière audible, puis intériorisée en la synchronisant avec le souffle, ou encore en prononçant mentalement à l'inspiration "SO", à l'expiration "HAM" (so'ham signifiant "je suis lui"). Les techniques de pranayama (Nadhi sodhana,Ujjayi…), comme les mantras que je viens de citer, sont pour moi souveraines pour obtenir le calme mental, notamment avant d'entamer ou de reprendre la création d'un tableau. La concentration, dharana, est une pratique, un outil qui fait partie des "étapes" du yoga (dans l'Ashtanga yoga , elle est le sixième membre). Il n'existe pas de solution de continuité entre une concentration menée à son terme, sorte "d' incandescence" et la méditation elle même (dhyana est la septième étape). Celle ci prolonge naturellement celle là; ce n'est q'une question de degré. "Se concentrer sur un objet ( intérieur ou extérieur ), c'est chercher à le connaître; mais c'est surtout apprendre à se connaître soi-même; c'est partir de deux pour arriver à un". (Pierre Feuga : "l'art de la concentration"). Certains opposent méthode et spontanéité, effort et lâcher prise, en fait deux moments d'une même voie . La non intention, la liberté commencent par une intention résolue : "intentionnellement, atteindre l'absence d'intention : alors on a tout compris". ( "traité de la fleur d'or"). La concentration nous donne l'occasion d'acquérir une finesse d'attention, une présence intérieure que l'on doit essayer d'étendre à tous les actes de la vie (l'effort d'attention doit devenir état d'attention). Ne plus faire ces actes dans l'inconscience, ou l'écartement psychique, c'est être conscient que ce que je suis ne se trouve ni ailleurs, ni plus tard. Quand le mental n'est plus happé vers l'extérieur, il arrête de s'identifier à cette vie extérieure; on retrouve alors le chemin intérieur. Cela peut être une source de créativité, où le Yoga et la pratique artistique se rejoignent. §§§

    votre commentaire
  • S'efforcer de comprendre la manière dont les enseignements peuvent s'intégrer à notre vie de tous les jours, faire l'expérience de ce que l'on apprend, permet à la philosophie et à la théorie (que l'on aborde en cours, en stage, ou par des lectures ) de devenir réellement utile et aide à progresser au quotidien. Le yoga devient alors un outil d'évolution personnelle, un chemin de vie. 1 - La théorie des Vasanas ------------------------------- La théorie des vasanas (intégrée au Samkhya qui est un des darshanas datant de 3000 ans avant notre ère et est un des fondements théoriques à la pratique du yoga ) explique que chaque trace, impression d'un phénomène psychologique (ou encore imprégnation psychologique ) conserve un dynamisme important produisant une réaction au niveau inconscient . Ces "souvenirs" alors s'organisent, se rangent pour former les samskaras (combinaisons de vasanas ) qui elles mêmes s'articulent pour former des constructions psychologiques. Ainsi, il est possible, de conditionner sa propre personnalité, son comportement, en adoptant une discipline de regard intérieur, et d'influer sur notre destinée. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 - Le karma -------------------------------- De même, connaître la théorie du karma c'est avoir conscience de la causalité, des conséquences de ses actions, et donc de l'importance de la vigilance sur les actions du corps, de la parole et de l'esprit. Selon Vivekananda "la personnalité de tout homme n'est rien d'autre que l'assemblage de ses tendances … Nous sommes ce que nos pensées nous ont faits… Chaque action que nous accomplissons, chaque mouvement de notre corps, chacune de nos pensées, apportent une impression dans la substance du mental. Ce que nous sommes à chaque instant est déterminé par la somme de ces impressions sur notre mental. Chaque personnalité est déterminée par la somme de ces impressions. Si les bonnes impressions dominent la personnalité, la personnalité devient bonne…" Une maxime connue de tous rejoint cette citation "Semez une pensée, vous récolterez une action; semez une action, vous récolterez une habitude; semez une habitude, vous récolterez une personnalité; semez une personnalité vous récolterez une destinée" . Gautama le Bouddha disait tout simplement "vous êtes le résultat de toutes vos pensées". Le Swami Veetamohananda, lors d'un enseignement à Notre-Dame-du-Laus en 2000, insistait sur l'importance des habitudes qu'il définit par trois facteurs: la connaissance (pourquoi le faire), la compétence (comment le faire ), et le désir (l'envie de faire). Si l'on veut créer une habitude, il faut travailler sur les trois niveaux. Les habitudes ont une force de gravitation importante qui peut fonctionner pour ou contre nous. En développant la force de la volonté, on maîtrise mieux les différents éléments de la personnalité, notre véritable liberté apparaît, celle de faire ce que nous savons être bien pour nous. D'après le swami Veditatmananda, dont j'écoutais une intervention à Bitch en1999, il y a les choses inhérentes à la vie, l'amour, la vérité, l'harmonie, la justice, et les choses "accidentelles", la cruauté, la haine, l'injustice. Si nous pensons réelles la cruauté, la haine, nous répondons par la même chose; si nous savons que c'est irréel, accidentel, dû à "l'Ignorance"(de la non dualité), alors nous pouvons répondre par l'amour. On peut mettre en doute le fait que la nature des choses soit dans l'amour, ou penser que tout, même la haine, fasse partie du tout. A ce doute, ce swami a répondu que c'est ce que l'on pense et fait qui devient la réalité, alors il faut y croire et agir en conséquence. Pour lui, on devrait conduire son existence comme s'il n'y avait pas de réalité à comprendre ou à expliquer mais seulement à construire. Le yoga permet de mettre l'accent sur l'aspect positif, le coté lumineux et nous amène à ignorer les vices qui ne peuvent plus prendre racine en nous (en ne les retenant pas, ils disparaîtront d'eux même) . ***

    votre commentaire
  • 1 - Conscience de l'instant et lâcher prise --------------------------------------- Le karma yoga peut être, dans une certaine mesure, une attitude dans la vie quotidienne, une conscience permanente de l'instant, une manière d'agir sans s'agiter, en observateur non concerné par le résultat. Dans la pratique des asanas par exemple, le présent est le lieu d'expérimentation du lâcher prise (se projeter dans le résultat que l'on veut obtenir c'est déjà être dans le futur; ce n'est plus le lâcher prise). Le lâcher prise consiste à s'abandonner sans résistances au moment présent. Le lâcher prise c'est aussi ne pas tricher avec la posture, accepter ce que l'on est capable de faire dans l'instant, ce que l'on est, apprendre à faire avec ses imperfections sans se juger mais en cherchant à évoluer. L'intention combinée au lâcher prise conduit à une conscience centrée sur la vie, à l'adhésion au moment présent. On peut dire qu'il est important de se "juger" sur les efforts que l'on accomplit (on est responsable de son devenir), et non pas sur les résultats (on n'est pas coupable si c'est un échec aux yeux des autres ); il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Ainsi on acceptera mieux les évènements quel qu'en soit le résultat. Le détachement (dans le sens de la non appropriation de ces actes), comme le contentement (être en paix avec ce que l'on vit ou fait, sans désirer ou chercher à obtenir "autre chose"), qui est pour moi essentiel dans les Niyamas de Patanjali, vont dans le même sens. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 - Yamas et Niyamas ----------------------------------- Patanjali, philosophe et grammairien qui vécut vers 150 avant J.C., a compilé une somme énorme de connaissances sur le yoga pour nous laisser un ouvrage fondamental (Yoga-Sutras), une méthode, l'Ashtanga Yoga (yoga composé de 8 membres ou étapes). Ce traité utilisable chaque jour, dans la vie physique et psychique, constitue une ouverture privilégiée à la vie spirituelle. Les Yamas (règles de vie dans la relation aux autres) et les Niyamas ( règles de vie dans la relation à soi même) doivent être intégrés au quotidien petit à petit afin de se "nettoyer"de certains actes, de certaines paroles et pensées. Il ne s'agit pas de morale au sens premier, mais une manière de ne pas contrecarrer la quête spirituelle, la circulation de" l'énergie", du prana ; c'est une façon de laisser émerger autre chose que notre ego, d'évacuer ce qui perturbe l'équilibre de l'être ; c'est enfin un travail de maîtrise du mental où l'on ne plie pas à la pulsion . Parmi les règles de Yamas, ahimsa (la non violence) et satyam (la vérité, la réalité) sont à mon sens fondamentales. Ahimsa est la voie de la bienveillance, de l'amour désintéressé, qui nous aide à prendre conscience de notre violence (physique, verbale et mentale) et nous pousse à lui opposer le contraire; c'est aussi ne pas se nuire à soi même par des comportements à risque . Satyam est très étroitement lié à l'être profond (sat = l'être), à la recherche de la discrimination, de l'accord avec soi même ( l'harmonie de l'être). Concernant les Niyamas, santosha (le contentement) me semble au centre du yoga. C'est à la fois l'acceptation de ce qui survient et ne peut être changé, une manière de vivre en paix au présent sans besoins ou désirs permanents à assouvir, c'est l'humilité, la modération, l'équanimité, la disponibilité. Dans notre société individualiste aux "valeurs" matérialistes et superficielles, je trouve essentiel de garder en nous la conscience que la sérénité et le "bonheur" ne sont pas dans l'accomplissement de nos désirs. ***

    1 commentaire
  • 1 - Révéler le meilleur en nous et l'intuition des choses

    Ainsi, le yoga m'a apporté progressivement une confirmation, par la théorie, la philosophie qu'on aborde et les expériences transmises par les autres, comme celles vécues, de l'existence d'une "face cachée" du monde et de la vie. Ce qui peut être ressenti ou compris dans ces instants là s'apparente à quelque chose qui se révèle à soi-même, quelque chose que l'on savait "inconsciemment", presque une évidence : "Je sentais une sérénité ineffable descendre en moi pour laquelle nulle croyance n'était requise comme si je fêtait des retrouvailles avec un accord depuis longtemps désappris" (Docteur Claude Olivenstein ).

    Cela nous pousse à aller vers le meilleur qui est en nous et plus souvent peut-être à éviter le pire. C'est un garde fou contre les excès, la colère, l'éparpillement, le matérialisme, les sentiments négatifs, et un encouragement à la disponibilité, la tolérance, la bienveillance et, bien sûr, la présence à l'instant. Je ne suis pas une mystique, mais je sais que nous ne sommes pas que l'apparence, cette enveloppe et cet esprit, qu'il y a autre chose en nous qui nous lie aux autres et à tout ce qui existe. Je sais que chaque action chaque parole a un effet sur nous, sur tout ceux et tout ce qui nous entoure.

    Le yoga a permis de "réveiller" en moi une manière différente d'aborder la vie, d'entrer en relation avec soi-même et les autres mais aussi de vivre différemment les évènements qui rythment notre existence. D'abord parce que l'on apprend à s'approprier son corps, et à la fois à sentir la distenciation par rapport à ce que l'on croit être. C'est dans cet espace laissé libre qu'apparaît ce vers quoi le yoga nous pousse. En pratiquant le yoga, on découvre une forme de disponibilité de présence, une vigilance par l'écoute du corps tout d'abord. Les postures épurées des faux gestes, des tensions, servent de moyens à la rencontre du silence intérieur et de la communication avec soi-même. On apprend à s'observer soi même, à ne pas être seulement un acteur mais aussi le metteur en scène et le spectateur.

     

    2 - La théorie des enveloppes ou koshas

    La théorie des enveloppes et des corps qui accompagne le yoga permet de considérer différemment le corps (corps grossier, anamayakosha), l'énergie la vitalité (corps subtil, pranamayakosha), nos émotions, notre mémoire (manomakosha), notre conscience et intelligence (vijnamayakosha) et enfin notre "part de divin" (anandamayakosha, ou corps causal).

    Ce découpage apporte la possibilité de se distancier par rapport à ce qui concerne la maladie, les émotions … et ainsi de se dépouiller des choses qui nous perturbent et nous empêchent de lâcher- prise, de "s'ouvrir à la vie".

    ***


    votre commentaire
  • J'essaierai, à travers ce mémoire, d'évoquer la relation qui me lie au yoga et les bases de ma pratique artistique (peinture et mosaïque), en essayant de montrer à quel point les deux pratiques (yoga et art) ont pu s'imbriquer.

    De l'appropriation du Hatha Yoga à la recherche du Beau, il n'y a pas, selon moi, deux voies, mais une seule existence (la mienne), qui se construit dans un "même geste", dont la posture et l'œuvre sont deux aspects.

     

    Découverte et approfondissement du Yoga

    Au départ, mon attirance pour le yoga était liée à son image "d'activité physique" douce c'est à dire sans compétition, ni effort forcené, calme (sans agitation, dans un esprit sérénisé ) et où la respiration avait une grande importance. C'est pour cela que je l'ai abordé il y a maintenant une douzaine d'années.

     L'apprentissage des asanas, du pranayama, et de la relaxation, cette étape du bien-être corporel et mental, est pour moi la base de la découverte de cet art de vie qu'est le yoga. Ressentir ce bien-être physique intense, la grâce naturelle des postures, la joie que procure la pratique, mais aussi toucher du doigt l'apaisement mental et surtout l'abandon de soi a été la porte ouverte vers l'envie de découvrir ce qu'il y a derrière cette pratique (quelque chose que l'on pressent plus ou moins confusément). Au fur et à mesure des années, des changements de professeurs (dus à des déménagements et aussi à la curiosité), j'ai pu aborder des pratiques issues de différents courants de yoga (Roger Clerc: yoga de l'énergie, Van Lysebeth …).

    C'est en 1997, que j'ai pour la première fois reçu l'enseignement d'un professeur de la Fédération Française de Hatha Yoga. Depuis au moins deux ans déjà, mon besoin d'approfondir, d'aller "plus loin" dans le yoga (au delà des différentes lectures que j'ai pu faire) m'incitait à m'inscrire dans une école de formation de professeurs de yoga. Je savais y trouver à la fois un perfectionnement de la pratique, des bases philosophiques, les correspondances physiologiques et enfin l'expérience partagée.

    En 1998 le pas était franchi, les premiers cours suivis dans la salle de M. Tony Dabau (Directeur de l'Ecole International de Yoga Traditionnel Midi-Pyrénées) me confortaient dans l'idée de suivre cette formation . Là, je découvre que le fait de suivre les yeux fermés des indications orales nécessaires à la pratique est une source de ré apprentissage de la vigilance, de la précision du geste. Jusque là, j'avais été dirigée par des enseignants qui montraient la posture puis vous laissaient l'exécuter en donnant des précisions ou vous corrigeant parfois.

    Durant les séances, l'obligation d'avoir en même temps les sens et la conscience tournés vers l'intérieur (postures les yeux fermés, ressenti, rappel à la détente, au lacher-prise, intériorisation…) et vers l'extérieur (spatialisation, écoute des indications…) donne une grande acuité à la concentration . L'enchaînement des postures dans la lenteur, comme les exercices spécifiques de pranayama, apportent un rythme nouveau où le souffle a une place prépondérante en accord avec le reste de l'être et le mental n'a plus le choix de l'éparpillement.

    Enfin, la découverte progressive de la richesse symbolique des postures à travers, l'ouvrage "Yoga et symbolisme" de Shri Mahesh et l'Ecole International de Yoga Traditionnel, me ramène sans cesse au sens "sacré" du yoga comme un support permettant d'approfondir ce qui s'offre à nous au delà des apparences .

    Selon Shri Mahesh "L'enveloppe physique est matière; l'homme croît connaître cet aspect extérieur et part de ce connu pour découvrir ce qui ne l'est pas". Il ajoute également sur ce point "…j'insiste sur le symbolisme qui est la source même des postures de yoga : lorsque nous enrichissons la perception que nous avons de notre organisme, nous nous mettons en communication avec un monde sans limite". Chaque asana a une forme géométrique, architecturale, elle est un symbole que l'on devient par son corps; l'être humain peut alors entrer en contact avec "l'âme". Le yoga se rapproche d'un art spirituel.

     ***


    votre commentaire
  • Synopsis -

    La découverte progressive de la richesse symbolique des postures à travers les enseignements de l'Ecole International de Yoga Traditionnel, ramène au sens "sacré" du yoga comme support permettant d'approfondir ce qui s'offre à nous au delà des apparences . Le yoga devient alors un outil d'évolution personnelle, un chemin de vie.

    Une maxime connue dit : "Semez une pensée, vous récolterez une action; semez une action, vous récolterez une habitude; semez une habitude, vous récolterez une personnalité; semez une personnalité vous récolterez une destinée" .Gautama le Bouddha dit tout simplement "vous êtes le résultat de toutes vos pensées".

    Le travail du yoga est un apprentissage de l'attention, de la concentration, et ainsi de la quiétude mentale. Chaque geste devant être conscient, l'esprit tourné vers le corps, la sensation, et la respiration, le mental est poussé à se taire. En emmenant la conscience dans le mouvement et la respiration le hatha yoga réunifie l'être, parvient à une sorte d'intégration des différents aspects de la personnalité.

    Le plus souvent nous ne pensons pas, nous sommes pensées. La concentration nous donne l'occasion d'acquérir une finesse d'attention, une présence intérieure que l'on doit essayer d'étendre à tous les actes de la vie. Quand le mental n'est plus happé vers l'extérieur, il arrête de s'identifier à cette vie extérieure; on retrouve alors le chemin intérieur. Cela peut être une source de créativité, où le Yoga et la pratique artistique se joignent dans la quête spirituelle.

    Peindre s'inscrit dans ma pratique du yoga . De la même manière, cela me permet de concentrer mon esprit sur l'instant présent, sur la précision du geste, sur ma vision intérieure. L'attention que requiert la peinture figurative m'aide à trouver cette concentration. Cette création est l'occasion, sans cesse renouvelée, d'aller vers ce qu'il y a d'essentiel pour moi et de l'exprimer. Dans cette voie, la recherche du Vrai, du Beau et de l'émerveillement est toujours présente.

    Souvenons-nous que le mot "art" vient du sanskrit "rta" qui suggère l'idée d'ordre et d'harmonie. A travers la couleur et la forme, la symbolique et l'esthétique, l'œuvre d'art peut laisser percer l'intuition de l'essence des choses .


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique